mercredi 29 mars 2017

Toc-toc!

Trouble obsessif-compulsif. C'est la fuite du cerveau en quelque sorte. Face à l'anxiété, l'esprit décide de faire l'autruche par rapport à la source réelle de stress. Au lieu d'analyser le pourquoi de l'anxiété et le gérer, la tête prend l'option facile: faire diversion avec une pensée simple qui nous pousse à effectuer un geste, un rituel réconfortant. Le corps enregistre l'apaisement apporté par le rituel et donc le cerveau ramène de façon plus que récurrente cette même pensée pour obtenir le résultat de détente. 

Cercle vicieux. 

À l'adolescence, la compulsion ne se voyait pas. Tout se passait dans ma tête. Lorsque l'anxiété se pointait, je dérivais automatiquement vers le calcul du nombre de lettres des mots. Les mots que je lisais sur une affiche, que j'entendais dans l'autobus... Si j'arrivais à un nombre pair, une quasi-zénitude m'envahissait. Impair, ma gorge se serrait et je passais à l'étape suivante: reprendre le mot et le placer dans une phrase pour ensuite compter les lettres de la phrase. Toujours dans le but d'arriver à un nombre pair. Pénible. Usant. 

J'ai lutté très fort pour m'empêcher de glisser constamment dans ma lubie. Et j'ai fini par réussir. Malheureusement, le toc est une condition. On a beau en éliminer un, notre tête finit par nous jouer des tours et nous en sortir de nouveaux. J'ai eu droit à de magnifiques comportements dignes de mention:

-Fredonner de petites ritournelles sans paroles. J'ai cru pendant des mois le faire dans ma tête, jusqu'à ce que ma mère me demande c'était pourquoi les petits bruits de singe que j'émettais sans cesse.  

-Gratter ma cuisse droite. Non mais gratter là!! Pas idée de la force que je pouvais y mettre. Un jean pouvait résister... 3 semaines? 1 mois? J'ai réussi à arrêter ce toc après une soirée de juin passée en short, où je suis revenue à la maison avec une cuisse ensanglantée.

-La tuile. La foutue tuile!!! Besoin frénétique d'y toucher. D'y passer mes ongles. Plus fort que moi. Si assise au resto, je voyais une pièce tentatrice au loin (une belle ardoise bien crayeuse par exemple), j'inventais une raison de me lever pour aller y toucher. Absurde. Si je "n'obéissais" pas, j'entrais pratiquement en transe. Ne pensais qu'à ça, ne pouvais me concentrer sur rien d'autre. Alors mieux valait succomber pour en finir. Je me fâchais. Me trouvais stupide. J'avais surtout tellement honte quand quelqu'un s'apercevait de mon stratagème!

Je terminerai en rafale avec le "flashage" de la lumière de salle de bain, le "barre-débarre" la portière de l'auto, le traçage de lettres à l'infini avec un stylo, le nettoyage compulsif de la toilette, éviter de toucher les poignées de porte... et tout le reste que je préfère oublier!

Alors ceux qui se trouvent bizarre et qui ont honte de leurs petits travers, rassurez-vous, il y a pire... Et c'est pas plus mal au final!



Parce que je vais bien maintenant. La thérapie cognitivo-comportementale m'a permis d'enrayer tout ça à 90%. Quelle libération! Une fois que j'ai pris conscience de toute l'énergie que le toc m'avait volée, c'était à se demander comment j'avais bien pu étudier, obtenir mes diplômes, travailler, avoir une vie sociale!

Alors courage à vous âmes tourmentées, il y a de l'espoir!!

2 commentaires:

  1. Nous avons tous nos petits bobos Geneviève ! Personne n'est parfait ! J'aime votre écriture franche...J'ai beaucoup parlé de mon chien dans mes blogues, il me manque beaucoup! J'ai aussi élaboré assez longuement sur mon dernier blogue à propos des ...MIRACLES... l'avez-vous lu ?

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    1. Merci Évelyne et oui, je l'ai lu. J'adore ce sujet... Le hasard n'existe pas!

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